[Objectif Végétal] Développer des rosiers résistants à la maladie des taches noires

Publié par EchoSciences Pays de la Loire, le 21 mai 2023   2.4k

Sur le marché mondial des plantes ornementales, la rose est de loin la fleur favorite des consommateurs. En 2016, le marché français y a contribué à hauteur de 57 millions d’euros pour un total de 4 millions d’unités vendues. Avec l’interdiction de l’utilisation des pesticides dans les jardins publics au début 2017, puis en 2019 pour les jardins privés, les obtenteurs et producteurs de rosiers sont demandeurs de méthodes alternatives. Les chercheurs se penchent donc sur des solutions combinants de la résistance variétale et l’utilisation de biocontrôles ou des techniques culturales pour tendre vers un objectif zéro-phyto.


Le black spot ou tache noire est la maladie touchant à l’esthétique de la rose la plus répandue. Elle est causée par Diplocarpon rosae, l’un des champignons les plus commun et ravageur des champs de roses. Celui-ci apparaît de juin à octobre dans les jardins et hiberne dans les feuilles mortes à l’automne. Il s’attaque aux feuilles des rosiers, ces derniers s’épuisent et finissent pas perdre leurs feuilles et produire moins de fleurs.

Suite à la loi Labbé interdisant l’utilisation de produits phytopharmaceutiques conventionnels, la demande des consommateurs pour des roses de jardin résistantes à cette maladie augmente. Au sein de l’IRHS (Institut de Recherche en Horticulture et Semences), plusieurs projets de recherche s’attachent à imaginer des solutions alternatives permettant de réduire la sensibilité du rosier aux maladies.

Extrait de la BD La Tache Noire © AgriComics INARE IRHS

Le projet RoGeR (Rose Genomic Resistance), coordonné par Fabrice Foucher, avait pour objectif de caractériser les gènes impliqués dans la résistance de la rose au black spot. Ainsi deux régions génétiques ont pu être caractérisées pour la résistance aux taches noires, une première étape qui permet aux scientifiques d’identifier des gènes porteurs de résistance. Leur analyse fine est en cours dans le cadre d’une thèse et d’un projet GeRard financé par l’INRAE. En plus de la compréhension des mécanismes de résistance, ces résultats permettront d’identifier les marqueurs génétiques afin de réaliser des croisements de rosiers qui développeraient ainsi une résistance variétale à cette maladie. Cette connaissance des ressources génétiques de la plante a pour but d’accélérer la création de variétés plus résistantes à la tache noire. Car le croisement de rosier est un long processus qui peut prendre en moyenne 10 années et qui requiert une connaissance des sources de résistance.

Dans la continuité de ces programmes, le projet ROBIO, porté par Vanessa Soufflet- Freslon, (2022, Vers une protection intégrée du ROsier contre les maladies foliaires fongiques, BIOcontrôle et résistance variétale) vise à identifier de nouvelle molécules, respecteuses de l’environnement, contre les taches noires par des tests en laboratoire puis en serre. Une expérimentation en conditions naturelles sur différents sites géographiques, avec des caractéristiques climatiques et des environnements pathogènes variables, étudiera l’efficacité de ces produits de biocontrôle. Les résultats permettront d’accompagner les gestionnaires des Jardins, Espaces Végétalisés et Infrastructures publics et privés dans le changement de leurs pratiques et tendre ainsi vers le zéro-phyto.

Article écrit par Maéna Gérault, Terre des Sciences, pour la brochure RFI Objectif Végétal.