Mélyne Baudin Marie, l’audacieuse doctorante nantaise finaliste de MT180
Publié par Claire Guillet, le 29 mai 2024 730
Le 21 mars au Mans, c’est la finale régionale du concours Ma Thèse en 180 secondes (MT180). Mélyne Baudin Marie, doctorante à Nantes, se présente sur scène et nous expose en 3 minutes sa thèse. Grâce à Denis l’invité non désiré de la soirée, le public comprend tout du sujet. Cette finale régionale n’est qu’une des étapes de MT180. Ce concours de vulgarisation scientifique permet aux doctorant·es de présenter leur thèse en moins de 3 minutes au grand public. Nous avons suivi le parcours de Mélyne, finaliste nationale du concours.
Après le lycée, Mélyne décide de suivre un DUT chimie à Rouen. Ce n’est qu’à la fin de la formation, lors de son stage au Japon qu’elle découvre le métier de chercheur en chimie organique pour la médecine. « Une de mes meilleures expériences ». L'idée lui plaît et elle rentre en école d’ingénieur à Caen et suit en parallèle un master chimie organique. A la fin de sa formation, elle décide de suivre une thèse en biologie chimie car « j’avais envie d’appliquer mes connaissances et mes compétences en chimie organique à un autre domaine. Le domaine qui m’attire le plus c’est la biologie : la recherche en santé est, pour moi, l’une des priorités dans le monde, les défis sont énormes et j’aimerais y apporter ma contribution ». Elle rentre donc au laboratoire CEISAM (Chimie et Interdisciplinarité Synthèse, Analyse, Modélisation) de Nantes Université, pour faire sa thèse sur les synthèses d'inhibiteurs enzymatiques multivalents de sialidases, comme perspective thérapeutique contre les Maladies Inflammatoires Chroniques de l'Intestin (MICI), sous la direction du Dr. Sébastien Gouin.
Plusieurs motivations ont poussé Mélyne dans MT180. Mais sans hésitation, elle répond « la première chose c’est purement le challenge personnel ». Elle aime se donner des défis même si ça la met dans des positions de stress intense. Devoir présenter sa thèse en moins de 3 minutes au grand public sur scène, devant un grand nombre de personnes, pour elle « c’est un exercice très intéressant”. Ensuite, grâce au travail qu’elle a effectué, maintenant elle peut expliquer son sujet de recherche à ses proches et tout le monde comprend. « C’est satisfaisant, et beaucoup plus simple d’en discuter ». Enfin le dernier point est plus social. « Rencontrer d’autres doctorants en dehors de notre labo, c’est humainement enrichissant » nous dit-elle. Encore aujourd’hui elle est en contact avec des personnes rencontrées lors de la formation de MT180.
La formation de MT180 s’effectue sur 5 mois. Après les inscriptions de septembre, octobre, il y a une première réunion de présentation des différentes étapes. « Ça fait un peu peur », se souvient-elle. Mais Mélyne ne se décourage pas, sa motivation principale c’est d’apprendre à vulgariser son sujet de thèse. Jusqu’en décembre, les formations se concentrent sur l’écriture du texte. D’abord l’écriture se fait seul·e, puis les textes sont présentés à 1 ou 2 autres candidat·es et un·e formateur·rice. Les doctorant·es travaillent sur des sujets complètement différents, les retours sont donc très instructifs et constructifs. A la suite de cette réunion, Mélyne a continué le travail de son texte en le confrontant à son entourage et avec des formateur·rices, Jeyameera Nadarasa et Louis Badet. Il y a eu beaucoup de versions avant celle finale. « Il faut sélectionner des choses. En 3 minutes on ne peut pas tout dire... ». À partir de janvier, c’est le début de la mise en scène. Mélyne a travaillé en amont seule pour avoir une gestuelle qui lui soit propre. La formation s’est déroulée sur une journée avec un comédien formateur : Adrien Gibier. Le matin, des exercices d’improvisation ont permis aux candidat·es de se connaître et de prendre confiance en elleux, puis l’après-midi, iels ont confrontés leur version de texte et gestuelle. « C’était très formateur. J'ai eu des conseils que j’applique et qui me servent encore aujourd'hui ».
Le secret pour aller jusqu’en finale, c’est le soutien des proches. « C’est ce qui me pousse à aller toujours plus loin ». Mélyne les a beaucoup sollicités pour l’écriture de son texte. Elle a eu beaucoup de retours. « Parfois certains m’ont fait un peu mal. Mais en même temps, il faut passer par là pour pouvoir se remettre en question et améliorer les choses. Le soutien de mes proches a été d’une aide précieuse, sans eux, je n’aurais pas pu aller jusque-là ». Ensuite, elle a décidé de faire ça pour le divertissement. « Quand je monte sur scène, je me dis, bon, il faut s’amuser ». Avant de rentrer sur scène, elle a une montée de stress puis elle pense à ses proches qui sont là, rentre sur scène, pense au public qui vient passer un bon moment et le stress disparaît. Enfin, « au sein de MT180, entre candidat·es, il y a une très bonne ambiance et on s’encourage ».
Après sa thèse, Mélyne continuera dans la recherche, si possible dans le secteur pharmaceutique en lien avec la chimie appliquée à la santé. Elle espère trouver une place dans le privé. Le public lui semble trop difficile à atteindre (sur concours avec des postdocs avant d’avoir un poste de chercheur), ne pas avoir assez de reconnaissances, de financement, avoir un esprit très compétitif, devoir partir à l’étranger... Pourtant les thématiques du public lui plaisent beaucoup à Mélyne mais en sortie de thèse, elle ne pense pas pouvoir y accéder facilement. Pour le coté partage de connaissances Mélyne a tenté l’enseignement, mais cette approche ne lui correspond pas, elle préfère l’encadrement de plusieurs stagiaires. « J’aime constater l’évolution de l’étudiant ou de l’étudiante dans l’apprentissage du métier, échanger scientifiquement avec lui ou elle et l’accompagner jusqu’à sa soutenance orale ». Et pourquoi pas faire d’autres projets en vulgarisation, similaires à MT180. Mais c'est encore en réflexion, peut être avec la Nuit Blanche des Chercheurs à Nantes dans un premier temps.
Si vous aussi son sujet de thèse, Synthèses d'inhibiteurs enzymatiques multivalents de sialidases, comme perspective thérapeutique contre les Maladies Inflammatoires Chroniques de l'Intestin (MICI), vous n'y comprenez-rien, allez voir le replay de Mélyne, lors de la finale régionale de MT 180. Il sera possible de suivre la finale nationale de MT180 le 5 juin sur place à l’opéra de Nice ou à distance.
© crédit photo : MT180 France Université - CNRS, David Pell