Ma thèse en 180 secondes : Doctorant.e.s, relevez le défi !
Publié par Elena Prat, le 1 août 2024 190
Ma thèse de doctorat, co-financée par le projet READ-IT et la Région Pays de la Loire, m'a amenée à consacrer une bonne partie des quatre dernières années de ma vie à l'étude des émotions suscitées par la lecture d'œuvres de fiction. Le désespoir provoqué par le destin tragique de Madame Bovary, le rire face aux vicissitudes improbables de la famille Malaussène et l'enchantement suscité par l'élégance, la puissance évocatrice ou la précision de certains styles littéraires ont rythmé mes journées.
À l'approche de ma dernière rentrée en tant que doctorante, j'aimerais évoquer une opportunité qui se présentera aux doctorant·e·s de la Région Pays de la Loire entre le premier et le second semestre. Elle a été pour moi l'une des expériences les plus marquantes de mon doctorat : la participation au concours « Ma thèse en 180 secondes ».
Ce concours national, organisé chaque année, invite les doctorant·e·s de toutes les disciplines à résumer leur thèse en trois minutes, en utilisant un vocabulaire accessible.
Apprendre à monter sur scène et à faire le point sur son travail
Résumer deux, trois, voire plus de trois ans de travail en seulement trois minutes est avant tout un exercice de rhétorique. Il s'agit de traduire un vocabulaire technique par des métaphores et des mots du langage courant, tout en transformant un sujet souvent très spécifique en un récit cohérent et captivant, compréhensible même pour les personnes les moins familières avec notre domaine.
MT180 est aussi un défi mental, physique et psychologique. Il s'agit d'apprendre à parler devant un large auditoire, de mémoriser son discours et de l'accompagner des bons gestes. Pour certain·e·s, c'est l'occasion de surmonter la timidité et la peur du jugement d'autrui. Pour nous, les étranger·e·s, c'est souvent un défi de s'exprimer en français en public, maîtrisant la peur de l'erreur et de l'accent.
Mais pour moi, comme pour beaucoup d'autres, la préparation de mon discours a été bien plus qu'un simple exercice de rhétorique et un défi personnel. L'effort de synthèse et de simplification du contenu de ma thèse m'a permis de clarifier certaines notions complexes et de revenir à l'essence de ma recherche, que je risquais souvent de perdre de vue, absorbée par la routine du travail quotidien.
Pour mener à bien cette entreprise, les doctorant·e·s du territoire ligérien sont généralement accompagné·e·s, dans le cadre d'une formation collective de plusieurs semaines, par un·e expert·e en vulgarisation scientifique et un·e professionnel·le en théâtre ou en public speaking.
Un environnement amical et accueillant
Outre la satisfaction personnelle de faire connaître mon sujet de thèse à un large public et de représenter mon laboratoire (le 3L.AM) et Le Mans Université, MT180 m'a permis de faire de très belles rencontres.
J'ai rencontré des collègues issus de toutes les disciplines, travaillant sur des sujets souvent mystérieux à mes yeux. Avec certain·e·s, j'ai même noué de belles amitiés qui se sont poursuivies au-delà du concours. J'ai également eu le plaisir de rencontrer le public ligérien, qui s'est montré sympathique, généreux et accueillant envers nous tou·te·s.
Je crois que des occasions comme MT180 sont extrêmement précieuses pour nous, doctorant·e·s, car elles nous permettent de partager avec la société les connaissances que, par le biais de ses institutions publiques régionales et nationales, elle-même nous permet d'acquérir.
Si ce n'est pas exactement un devoir civique, MT180 me semble être au moins un plaisir civique qui nous enrichit et, je l'espère, enrichit également le public qui nous écoute.
J'invite donc tou·te·s les doctorant·e·s à envisager, à la rentrée, la possibilité de participer à ce beau concours.
Pour découvrir le concours : https://mt180.fr/
Et pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur les pratiques de lecture et les émotions de lecture...
The Conversation : Les émotions de lecture, la parole aux lectrices et aux lecteurs
Le projet READ-IT